Le « revenge porn » (vengeance pornographique) est désormais dans le Code pénal !
L’essor du numérique a constitué un véritable espace privilégié pour le « revenge porn ». Une fois qu’une photo est publiée sur Internet, il est en effet difficile de la supprimer définitivement. Les conséquences pour les victimes peuvent être dramatiques. Ce fléau digital, au même titre que le cyber-harcèlement, sévit plus précisément sur les réseaux sociaux (e.g. Facebook, Snapchat, Instagram, Whatsapp, etc.). D’après une récente étude, les femmes représentent 80 à 90 % des victimes de vengeance pornographique.
Applicable depuis
le début de l’été, le législateur belge vient de modifier le Code pénal afin de
renforcer le caractère punissable de ce type de comportement. La personne qui
s’en rendra coupable encourra désormais une peine d’emprisonnement de 5 ans. Si
des mineurs sont concernés, cette peine pourra aller jusqu’à 10, voire 15 ans
de prison s’il s’agit d’enfants de moins de 16 ans. Détaillons.
1. Qu’est-ce que le « revenge porn » ou la « vengeance pornographique ?
Le terme de « Revenge
porn » se définit comme la diffusion publique, avec une intention méchante
et/ou de vengeance, notamment via les réseaux sociaux, de contenus sexuellement
explicites sans l’accord, ou à l’insu, de la personne qui y apparaît.
L’exemple type de
la vengeance pornographique se présente de la sorte : un couple s’échange dans son
intimité des photos et vidéos sexy/chaudes/intimes/cochonnes (i.e. à caractère
sexuel). Lors de la rupture, l’un des individus, par esprit de « vengeance »,
diffuse ce contenu sur les réseaux sociaux.
La diffusion de ces
images se fait souvent dans l’environnement social et parfois à très large
échelle, et ce grâce aux différents moyens de publication d’Internet et des
réseaux sociaux (e.g. via Facebook). Internet est également un lieu où abus et
excès en tout genre se rencontrent.
Le dommage moral
subi par la victime face au dévoilement de leur plus stricte intimité devait
par conséquent être urgemment encadré par notre législation. Les dispositions
essentielles se retrouvent désormais à l’article 371/1, § 1er, du Code pénal
qui traite du « du voyeurisme, de la diffusion non consensuelle d’images
et d’enregistrements à caractère sexuel, de l’attentat à la pudeur et du viol ».
2. Que risquent ceux qui diffusent ? De la prison !
Si vous vous
adonnez à un « revenge porn », cela peut vous coûter très cher, soit 10,000
euros d’amende et une peine d’emprisonnement, que vous soyez le premier ou le
dernier à diffuser.
En effet, toute
personne qui aura montré, rendu accessible ou diffusé des images ou l’enregistrement
visuel ou audio d'une personne dénudée ou se livrant à une activité sexuelle
explicite, sans son accord ou à son insu, même si cette personne a consenti à
leur réalisation sera punie d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans.
Les peines sont par
ailleurs aggravées s’il existe une intention méchante ou un but lucratif, les
peines étant alors portées à un emprisonnement de 1 an à 5 ans et une amende
allant de 200,00 EUR à 10 000,00 EUR.
L’infraction pénale
existe dès qu’il y a commencement d’exécution. Cette condition sera donc remplie
dès le moment où l’image, l’enregistrement audio ou la vidéo est partagée avec
une seule personne. Lorsque les destinataires de l’image, de l’enregistrement
audio ou de la vidéo les partagent à leur tour avec d’autres, ils/elles
diffusent également l’image, l’enregistrement audio, ou la vidéo et ils/elles
relèvent donc également du Code pénal.
3. Les peines sont aggravées eu égard à l’âge de la victime (les mineurs)
Selon une récente
étude, la proportion des jeunes de moins de 25 ans déclarant s’exciter
virtuellement par l’envoi de photos/vidéos coquines est passée de 10 % en 2014
à 44 % en 2020. Chez les ados, le sexe se regarde de plus en plus avant de se
vivre. Les photos de l’ex sortent trop souvent pour s’afficher sur les smartphones
dans la cour de récré ou s’échanger par messagerie instantanée. Cela fait
dorénavant partie des « pratiques sexuelles ».
Si la victime est
mineure de plus de 16 ans, les peines sont portées à la réclusion de 5 à 10
ans. La peine de réclusion sera de 10 à 15 ans si le mineur était âgé de moins
de 16 ans accomplis. Pour les mineurs, il existe une présomption irréfragable d’absence
de consentement.
4. Comment
procéder au retrait des images ?
Vous pouvez, avec l’aide par exemple de votre
avocat, demander au juge de faire rapidement supprimer les images. En pratique,
la victime pourra saisir en référé (urgence) le président du tribunal de
première instance, qui pourra dans les 48 heures ordonner le retrait des photos,
enregistrements audios ou des vidéos.
Le juge ordonnera au diffuseur ou au
service de communication en ligne d’utiliser tous les moyens appropriés pour
retirer immédiatement les images, au plus tard dans les 6 heures de la
signification de l’ordonnance. En cas de non-respect, la
personne qui n’y a pas satisfait peut être punie d’une amende de 200,00 EUR à
15 000,00 EUR.
En matière de
protection des données (RGPD), la victime pourra également exercer son droit à
l’oubli.
Réfléchissez bien
avant d’envoyer ou de partager une photo ou une vidéo compromettante.
En ma qualité
d’avocat, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. N’hésitez
pas à me contacter.
--
De Kamer van volksvertegenwoordigers heeft op 16 april 2020, het
wetsontwerp van wet tot wijziging van het Strafwetboek teneinde wraakporno te
bestrijden, eenstemmig aangenomen. De wet voegt een nieuw hoofdstuk
“Voyeurisme, niet-consensuele verspreiding van seksueel getinte beelden en
opnames, aanranding van de eerbaarheid en verkrachting” in in het Strafwetboek.
Deze nieuwe wet zal in werking treden op een door de Koning te bepalen datum,
en uiterlijk op 1 juli 2020.
Comments
Post a Comment