Google vs. Uber : Le gros procès dans la course aux voitures autonomes est en route !
C’est sans aucun doute la bataille juridique la
plus importante de la Silicon Valley depuis des années. Fin février, nous vous annoncions l’action
judiciaire intentée par Waymo, filiale d’Alphabet Inc. (ex-Google), à
l’encontre d’Uber et sa filiale Otto. Google avait accusé son ex-ingénieur d’avoir
copié 14.000 documents confidentiels avant de rejoindre Uber. Le juge américain
vient de donner le feu vert : les deux superpuissances vont maintenant au
procès.
Un enjeu de taille
L'enjeu est un marché
qui pourrait valoir, un jour, des dizaines de milliards de dollars et renverser
toute l'industrie automobile. Il s’agit tout simplement du marché naissant de
la course aux voitures autonomes.
Le PDG d'Uber, Travis
Kalanick, déclarait encore récemment que « l'avenir
de l'entreprise repose sur sa capacité à déployer des voitures autonomes et
qu'il pourrait tout perdre si une autre société comme Waymo battait Uber sur le
marché ».
Ce procès
« explosif » intenté par Waymo viendra peut-être ralentir Uber dans
cette course folle.
Une société conçue pour aider Uber à rattraper
son retard dans le domaine des voitures autonomes ?
Rappelons-nous, c’est
l’histoire d’un ex-ingénieur de Google, Mr. Anthony Levandowski, qui avait téléchargé plus de 14.000 fichiers confidentiels
(dont 2 GB concernant la technologie LiDAR) avant de donner sa démission et de
créer (pratiquement le lendemain) sa propre startup « OTTO ».
A l’époque, il
n’hésitait pas à expliquer à ses collègues quelques temps avant sa démission qu’il
voulait répliquer dans sa nouvelle startup la technologie LiDAR de Waymo ;
technologie qui permet aux voitures autonomes de "voir" leurs
environnements.
Uber racheta la
startup 6 mois plus tard pour 680 millions de dollars ! Une belle somme
pour une startup qui venait juste d’être créée.
Quelques mois avant
l’acquisition de la startup « Otto », deux autres ex-employés quittèrent Google
pour rejoindre Otto.
C’est là que les
suspicions s’installèrent chez Google…
Uber savait ou aurait dû savoir…
Pour le juge américain,
les preuves démontrent qu’Uber a engagé Levandowski « bien qu'il savait ou ou aurait dû savoir qu'il possédait plus de 14.000
fichiers Waymo confidentiels contenant probablement de la propriété
intellectuelle de Waymo » ; et que certaines informations
confidentielles de Google seraient intégrées dans les efforts de développement
LiDAR d'Uber.
Par conséquent, il a
ordonné à Uber de d’interdire à Levandowski de travailler sur cette technologie
(ce que Uber avait déjà fait) et de renvoyer les fichiers volés à Google.
Le juge note qu’Uber
ne nie pas que Levandowski a pris les fichiers de Waymo et ne prouve pas non
plus qu’une mesure aurait été prise (par ex. dans un contrat de travail) pour
l'empêcher d'apporter et d'utiliser la propriété intellectuelle ou des
informations confidentielles acquises auprès d'autres entreprises (dont Waymo).
Uber n’est pas non
plus capable d’expliquer pourquoi Levandowski est payé si gracieusement et
comment il est arrivé à cette position hiérarchique si élevée, observa le juge.
Par ailleurs, le juge conclut
qu’il est tout à fait possible que Uber a sciemment laissé Levandowski gérer
ses fichiers à sa guise (mais pour autant qu’ils restaient en sa possession),
et volontairement défendu Levandowski de envoyer les fichiers à Google.
Levandowski « se cache » derrière le privilège
du 5e amendement
Très « célèbre »
(et pas seulement dans les films américains), cet amendement permet à tout
citoyen américain de refuser de témoigner contre lui-même.
La plainte de Waymo, à
l’encontre d’Uber, allègue que Mr. Levandowski a été impliqué dans le "vol et le détournement" de droits
de propriété intellectuelle pouvant faire l’objet de poursuites pénales. En
conséquence, simplement en vertu de ces accusations, il existait une « possibilité
» de poursuites à l’encontre de Mr. Levandowski.
Ce dernier a bien entendu
invoqué cet amendement voulant plus que probablement éviter de répondre à des
questions sur le fait qu'il ait ou non téléchargé les 14.000 fichiers
confidentiels de Google avant de créer Otto et de rejoindre Uber.
Lors de l’audience, le
juge américain ne manqua pas de souligner que l'exercice de Levandowski de son
droit au 5e amendement "a obstrué et
continue d'entraver à la fois la découverte et la capacité de construire un
récit complet sur le sort des fichiers de Waymo".
Les fichiers confidentiels doivent être
retournés pour le 31 mai
Uber a du pain sur la
planche …
Le juge a ordonné aux
employés d’Uber d'arrêter d'utiliser les informations confidentielles de Waymo
et de renvoyer toutes les copies de ces informations avant le 31 mai.
Uber doit également
mener une « enquête approfondie » au sein de ses employés afin de lister toutes
les personnes ayant vu les fichiers confidentiels. Toute personne qui a
communiqué avec Anthony Levandowski sur le système LiDAR devra également
être listée et ce, avant le 23 juin.
Le juge demande
également qu’un expert inspecte le travail d'Uber sur le système LiDAR, y
compris les « schémas, commandes de travail, code source, notes et emails ».
Notons finalement que
le juge rejeta les allégations de Waymo en matière de brevets arguant que la démonstration
en la matière était « trop faible » et peu convaincante.
Depuis la fin de la
guerre des brevets des smartphones entre Apple et Samsung Electronics, cette bataille
juridique est sans aucun doute la plus passionnante de la Silicon Valley !
En surface, Waymo semble avoir toutes les cartes en main pour contrer Uber dans
la course aux voitures autonomes ; mais rien n’est encore jouer... Un
procès public pourrait débuter en octobre.
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